Depuis quelques jours, Xavier, dirigeant d’une entreprise prospère profite de ses vacances, sur une île ensoleillée de la Méditerranée. Confortablement installé dans un transat, Xavier contemple la mer, il se relâche et se laisse entraîner dans une longue introspection.
Cela fait bientôt 35 ans que Xavier a créé son entreprise en partant de rien ou presque. Il lui a consacré toute sa vie et toute son énergie, sans jamais compter ses heures. Ces 35 années de travail acharné lui ont apporté de nombreux succès, un certain confort matériel pour lui et pour ses proches, et aussi le respect et la reconnaissance de tous. Cela lui a donné un grand sentiment de fierté et d’accomplissement et, si c’était à recommencer, il ne changerait rien.
Pourtant, depuis quelques temps, Xavier s’interroge sur l’orientation qu’il veut donner à sa vie et à son entreprise.
« Ne serait-il pas temps de passer le flambeau ? »
Cette question, Xavier se la pose de plus en plus souvent et, à chaque fois, il la repousse en se trouvant de nombreuses raisons de garder le contrôle.
Entre autres, il invoque les aspects financiers et matériels :
« Oui, j’ai une réelle aisance financière et, si je vends, je serai probablement à l’abri définitivement. Mais, il y a toujours un risque, on ne peut jamais être totalement sûr. Et si je dois renoncer à mon train de vie actuel, en serais-je capable ? Et puis, si mon entreprise prospère encore pendant quelques années, je vendrai à un bien meilleur prix que maintenant. N’est-ce pas prématuré ?»
Il y a aussi parfois le regard des autres :
« Que penseront mes proches, mes amis et mes voisins si j’arrête ? S’y attendent-ils ? Cela ne risque-t-il pas de les inquiéter un peu ou de modifier nos relations ?»
Le plus souvent, c’est son sens des responsabilités qui le « rappelle à l’ordre » :
« Si je pars, l’entreprise tiendra-t-elle le coup ? La plupart des clients importants sont de mes connaissances et, même si j’ai appris à déléguer avec le temps, certains d’entre eux continuent à me contacter chaque fois qu’il y a un problème.»
Dans la même veine, il y a aussi son sens du devoir envers son personnel et ses doutes sur leur autonomie :
« Mes collaborateurs sont de qualité et très motivés mais ils n’ont pas mon expérience. Ne risquent-ils pas d’être un peu perdus, au moins dans un premier temps ? Ai-je le droit de les quitter avant qu’ils ne soient totalement prêts ? Et puis, s’il y a un repreneur, quelle sera son approche vis-à-vis du personnel ? Saura-t-il reconnaître et encourager les meilleurs éléments ? Va-t-il réduire l’effectif ? »
Il craint aussi que son entreprise ne soit pas pérennisée ou qu’elle perde son identité et ses valeurs :
« Un repreneur sera peut-être surtout préoccupé par la rentabilisation rapide de son investissement ? Ne risque-t-il donc pas de « désosser » l’entreprise, puis de la liquider ou de l’intégrer et de la noyer dans une autre structure ? »
Mais au fond de lui-même, bien que ces questionnements soient légitimes et humains, Xavier sait que la véritable raison qui l’empêche de « lâcher-prise », c’est la perte de repères inévitable qu’engendrera l’arrêt de son activité professionnelle.
« Que vais-je faire de tout ce temps qu’habituellement je consacre à la bonne gestion et au développement de mon entreprise ? »
Cette fois, pour Xavier, les choses sont vraiment claires : s’il continue, c’est davantage par habitude ou par peur du vide que par envie.
Pourtant des projets, il n’en manque pas et il n’aurait même pas assez d’une vie entière pour tous les réaliser. Simplement, il les avait mis au placard depuis trop longtemps !
« Alors, il est temps de cesser de nier l’évidence et de tergiverser ! Plutôt que de subir ou de refuser le changement, j’en serai acteur ! Bien sûr, cela me prendra probablement beaucoup de temps de trouver le repreneur qui réponde à mes attentes et il faudra que je me fasse aider pour y arriver dans de bonnes conditions. Mais maintenant, je sais où je veux aller ! »
Fort de cette nouvelle conviction et l’esprit serein, Xavier sort de ses « méditations » et quitte son transat pour faire une ballade improvisée. Avant de mettre ses décisions en application à son retour, il profitera pleinement de la fin de son séjour pour se ressourcer, faire le plein d’énergie et préparer ses projets futurs.